Funambule
Portrait d'un acrobate
Avis aux savants fous : inutile de chercher à lui greffer
des super-organes bioniques. Car le chat possède déjà
tout ce qu'il faut ! Ce "passe-partout" surdoué peut à
volonté s'allonger, se raccourcir, s'étirer, s'aplatir, se tordre
en arc-de-cercle ou se rouler en boule pour dormir. Chaque mouvement de son
corps trahit son extraordinaire souplesse. Le squelette du chat compte davantage
d'os que le nôtre (288 contre 206), et il possède comme nous
plus de 600 muscles pour se tordre dans presque tous les sens, avec des mouvements
toujours fulgurants et précis !
La légende veut qu'en cas de chute, les chats soient
capables de toujours retomber sur leurs pattes. C'est aller un peu vite en
besogne. En réalité, les compétences de nos matous parachutistes
ne sont pas aussi surnaturelles qu'on veut bien le dire.
Vol plané
Équilibriste de talent, champion de saut toutes catégories,
gros minet n'est cependant pas à l'abri d'un dérapage incontrôlé.
La tentation de tordre enfin le cou à un oiseau spécialement
appétissant est la cause de chute la plus fréquente. Celle-
ci sera sans conséquence grave si notre ami tombe à l'horizontale.
Force est de reconnaître que la démonstration est toujours époustouflante.
En revanche, une chute verticale ne lui laissera aucune chance d'effectuer
un rétablissement correct.
Retournement de situation
A peine le décollage est- il amorcé que Mistigri entame en urgence
un processus de reprise de contrôle de la situation. Le rétablissement
s'effectue en commençant par la tête pour finir par le postérieur
; l'objectif de la manoeuvre étant de se retourner complètement.
L'atterrissage en position pattes tendues et dos arrondi reste la seule méthode
véritablement efficace pour amortir l'impact du choc.
Les risques
En réalité, le chat parachutiste se trouve engagé dans
une véritable course contre la montre. Mistigri a besoin de 0,5 secondes
pour se retourner correctement, ce qui équivaut à une altitude
de 1,5 m. Il faut également prendre en compte le fait que la vitesse
augmente proportionnellement à la hauteur depuis laquelle s'effectue
la chute. Elle atteint 90 Km/H à 25 m ce qui donne une idée
de la violence de l'atterrissage. Une étude américaine a montré
que les chutes deviennent moins dangereuses à partir du septième
étage. Voici donc une confirmation scientifique de l'idée qu'il
vaut souvent mieux prendre de la hauteur par rapport aux événements
Le public
Plus encore que la performance sportive, la réaction de monsieur Matou
est stupéfiante. A peine ses pattes ont elles touché le sol
que son premier souci sera de s'assurer que personne n'a été
témoin de l'horrible mésaventure. Les humains désireux
de faire montre d'un poil de délicatesse seront alors bien inspirés
d'adopter l'attitude la plus neutre possible.